Deux tests, mais une tendance solide

 

Les marchés ont terminé le mois de novembre en léger repli. Après un démarrage positif, deux événements importants sont venus tester le moral des investisseurs : le nouveau variant Omicron et le changement de ton de la Banque Centrale américaine. Les actions américaines ont finalement abandonné -0,83% sur le mois, les actions européennes -2,53% et les actions chinoises -3,35%. Si ces deux tests ont été quelque peu inquiétants, ils ont néanmoins été très instructifs car ils ont montré une nouvelle attitude des pouvoirs politiques face à la pandémie et des investisseurs face au resserrement monétaire en cours.

Tout avait donc bien commencé. Portés par des résultats d’entreprises solides, les marchés franchissaient facilement de nouveaux plus haut tout au long du mois de novembre. Mais le 25 novembre, la découverte d’un nouveau variant en Afrique du Sud remettait en cause l’efficacité des vaccins. Et au même moment en Europe, une nouvelle vague de contaminations sévissait et forçait certains pays à adopter des restrictions sanitaires draconiennes. C’était suffisant pour déclencher une rapide correction de plus de -5% entre le 26 et le 30 novembre.

Mais cette fois, la réaction des pouvoirs politiques (notamment aux Etats-Unis ou en France) s’est révélée moins prudente que précédemment. Alors que les données sur la dangerosité du nouveau variant étaient encore incertaines, ils n’ont pas voulu céder à la panique et fermer préventivement leurs économies. Ils se projettent dans le monde d’après et ne veulent pas faire dérailler la reprise économique par des coups d’arrêt successifs. Les risques inflationnistes sont trop présents pour permettre de nouvelles ruptures dans les chaines d’approvisionnement.

Le second événement nous est venu de la Banque Centrale américaine. Fraîchement nommé pour un second mandat, son président, Jerome Powell, a subitement modifié son discours de politique monétaire en décidant de ne plus qualifier l’inflation de « transitoire ». Il a donc ouvert la voie à un resserrement plus rapide que prévu des conditions monétaires. Ceci pourrait se traduire par un arrêt des rachats d’actifs dès le mois de mars et probablement trois hausses des taux de +0,25% en 2022. Si ce revirement a pris de court les investisseurs, ils ont néanmoins assez bien absorbé la nouvelle, avec des taux américains à 10 ans toujours autour des +1,50%. Le scénario d’une inflation contrôlée et d’une hausse des taux progressive reste donc le scénario privilégié par les investisseurs.

Les marchés sortent de ces deux tests plutôt renforcés. Si certaines valorisations restent quelque peu élevées, bon nombre d’excès  se sont déjà résorbés ces derniers mois. La clé de la réussite pour cette sortie de crise sanitaire sera sans doute une remontée des taux très graduelle, afin de préserver le coût de l’endettement des Etats et la valorisation du patrimoine des ménages (immobilier et actions). Ce sera un exercice délicat, mais les pouvoirs politiques et les banquiers centraux partagent le même objectif, ce qui maximise les chances de succès de la renormalisation nécessaire des conditions monétaires et budgétaires.

 

 

Léopold Delaage 17 Dec. 2021