Une récession pour contrer l’inflation ?

Après un mois de juin chaotique (-9% en moyenne pour les indices actions), les marchés ont réussi à se stabiliser début juillet. Les signaux économiques pointent désormais vers une récession, mais les marchés prennent la nouvelle plutôt positivement.

En effet, une légère récession aurait un effet majeur, celui de tempérer les tensions inflationnistes. Ces dernières, qui sont la principale inquiétude des ménages et des banquiers centraux, pourraient ainsi retrouver des niveaux acceptables dans les mois à venir à la faveur d’effets de base favorables et d’une baisse du prix des matières premières, pétrole en tête.

Les investisseurs apprécient cette perspective car les hausses de taux nécessaires pour contrer l’inflation pourraient être moins agressives. Et tant que le marché de l’emploi reste dynamique, l’hypothèse d’une crise économique majeure reste éloignée.

En Europe en revanche, la situation est plus complexe. La dépendance énergétique du continent vis-à-vis de la Russie est un réel problème. L’arrêt en cours (bien que programmé) du pipeline Nord Stream 1 est une épée de Damoclès, car nul ne sait si les livraisons de gaz pourront reprendre le 21 juillet. L’hiver approchant, les pays européens et en particulier l’Allemagne, pourraient non seulement voir leurs ménages durement impactés par les pénuries de gaz, mais également des pans entiers de leurs industries à l’arrêt, faute d’énergie. Les responsables politiques se préparent à cette éventualité, mais nul ne sait si un scénario optimiste est crédible, car Vladimir Poutine usera probablement de cette arme pour faire pression au maximum sur les pays européens.

Enfin, du côté de la Chine (dont l’impact sur les marchés mondiaux est toujours important), les signaux sont contrastés. L’espoir d’un plan de relance de 220 milliards de dollars et un possible abandon des taxes douanières avec les Etats-Unis sont des rumeurs positives. Mais l’épidémie de Covid continue de sévir, ce qui fait craindre de nouvelles restrictions sanitaires drastiques.

Les marchés abordent donc une saison estivale délicate. Place désormais aux publications de résultats trimestriels au travers desquels les investisseurs pourront mieux mesurer l’impact de l’inflation sur les comptes des entreprises. Puis le prochain rendez-vous majeur sera le 27 juillet, avec la réunion de la banque centrale américaine et une possible hausse de +0,75% des taux directeurs.

Léopold Delaage 18 Juil. 2022