Thanksgiving avant l’heure 


Les investisseurs ont pu cette année profiter des joies de Thanksgiving bien avant l’heure. Tout début novembre, à la faveur d’une stabilisation des indices manufacturiers et de la perspective d’un accord commercial entre les Etats-Unis et la Chine, les marchés ont pu atteindre de nouveaux sommets. Les actions américaines se sont ainsi appréciées de 3,1%, entrainant derrière elles les actions européennes (+2,2%) et japonaises (+2,0%). Seul l’indice des marchés émergents affiche un léger recul (-0,1%) en raison de la contre-performance des actions chinoises (-2,3%). La suite du mois a été plutôt atone en raison des célébrations de Thanksgiving aux Etats-Unis et de l’absence de surprises macroéconomiques.


Les marchés se tournent désormais vers le 15 décembre, date à laquelle de nouveaux droits de douanes pourraient entrer en vigueur entre les Etats-Unis et la Chine. Il est très difficile d’anticiper le résultat de cette négociation car l’administration Trump aime souffler le chaud et le froid. Un jour, Donald Trump et Xi Jin Ping sont les meilleurs amis du monde, le suivant, le président américain trouve que les taxes douanières sont un outil formidable et en profite pour attaquer le Brésil et l’Europe.

Quoi qu’il en soit, les investisseurs ont une certitude, c’est que Trump aime voir les marchés s’apprécier. Alors qu’il prépare activement sa campagne de réélection de 2020, il est probable qu’il fera tout son possible pour garder l’économie américaine en pleine forme.


Intentions de vote pour les primaires du camp démocrate

Autre point positif pour les marchés, la concurrence électorale du camp démocrate semble s’assagir. Il y a encore quelques semaines, le risque d’un représentant démocrate hostile à Wall Street prenait de l’ampleur. La bonne campagne d’Elisabeth Warren (courbe brune sur le graphique) et la solide popularité de Bernie Sanders (bleu) inquiétaient les investisseurs. Si leurs scores sont encore significatifs, la tendance semble s’inverser. Car chez les plus modérés, les choses bougent.

Contre toute attente, Joe Biden résiste bien et reste largement en tête dans les intentions de vote. A ses côtés, le jeune maire Pete Buttigieg voit enfin sa campagne décoller et représente un sérieux challenger. Enfin, le magnat de l’information financière Michael Bloomberg, dont le budget de campagne parait illimité par rapport à ses concurrents (sa fortune personnelle serait de 55 Mds $, bien loin devant celle de Trump), vient de faire son entrée en campagne à grands coups de spots publicitaires et se voit déjà crédité de 4% dans les sondages. Les marchés apprécient cette baisse du risque politique pour les élections de 2020.

Dans les semaines à venir, si les marchés observeront évidemment le 12 décembre les élections britanniques et le 1er comité de politique monétaire de Christine Lagarde à la Banque Centrale Européenne, le centre d’attention restera encore et toujours l’évolution du conflit commercial sino-américain et la santé du consommateur américain.

 

 

Philippe Lefebvre 3 déc. 2019