Les valeurs refuges s’envolent mais les actions résistent : un été surprenant


Au cours de la période estivale, l’événement majeur a été l’envolée des valeurs dites refuges. L’or, les obligations longues et le dollar ont tous ont franchi des seuils psychologiques importants, démontrant une anxiété croissante sur les marchés. Les tensions commerciales persistantes et le ralentissement du secteur manufacturier font craindre une récession, et certains investisseurs sont désormais prêts à payer des prix extrêmes pour un peu de protection.


Ainsi depuis le début de l’année, l’or réalise une performance historique de +20% (à 1500 $ l’once), alors que cet actif n’offre aucun rendement. Plus surprenants encore sont les niveaux atteints par les obligations d’Etat à longue échéance, même si la hausse est moins prononcée. On parlait il y a quelques semaines encore d’un début d’inversion de la courbe des taux aux Etats-Unis. C’est chose faite maintenant. Les taux courts à 2,25% dominent largement les Treasuries à 10 ans qui n’offrent plus que 1,50% de rendement. En Europe, la situation est similaire. Alors que les taux étaient déjà négatifs ou pratiquement nuls, les emprunts d’Etat à 10 ans continuent de s’enfoncer : en Suisse -1%, en Allemagne -0,60%, en France -0,3à% et même en Italie, qui n’offre plus que 1,20% de rendement à 10 ans alors que sa situation d’endettement est très préoccupante.


C’est désormais plus de 17 000 milliards d’euros ou de dollars ??? d’obligations qui sont à taux négatifs dans le monde. Les investisseurs les plus prudents font donc un pari osé (ou contraint) en achetant des titres à ce niveau. C’est un phénomène sans précédent. Mais en l’absence de tensions inflationnistes, cette tendance pourrait durer.

Performance depuis le début de l’année des actions (bleu), des obligations (vert) et de l’or (jaune) :

 

Et pourtant, les actions résistent….


Alors que cette dynamique sur les actifs défensifs suggérerait un repli des actions, elles ont au contraire maintenu leur niveau de valorisation au cours de l’été. Les attaques renouvelées de Donald Trump à l’égard de la Chine ont bien fait fléchir les marchés début août, mais cet accès de faiblesse s’est révélé temporaire, les marchés renouant avec leurs plus haut dès la fin du mois.


Ce comportement des actions est finalement assez logique car elles restent relativement bon marché. Lorsqu’on les compare aux emprunts d’Etat à 10 ans, les actions européennes offrent une prime de risque de 7,5% et les actions américaines de 4%. Ce sont des niveaux très attractifs qui compensent amplement la volatilité de la classe d’actif. Par ailleurs, en ne prenant en compte que le rendement du dividende, les actions offrent encore une rentabilité supérieure à celle des obligations (le dividende brut moyen du marché américain est de 2%). Pour un investisseur à long terme, le choix des actions est donc très rationnel.


Comment se positionner en cette rentrée ?


En cette rentrée, le choix de privilégier les actions fait beaucoup de sens. Les produits de taux sont à des niveaux si élevés que leur rapport rendement/risque semble très défavorable. Mais l’anxiété croissante des investisseurs prudents devrait générer des épisodes de volatilité sur le marché. On pourra donc profiter de ces points d’entrée pour augmenter son allocation aux actions.

 

Emmanuel Domange 5 Sep. 2019